Le parcours de la presse informatique et des sites web consacrés à l'informatique donne l'impression d'un bouillonnement.

En tant qu'utilisateur chevronné, on apprend vite à relativiser les annonces de révolution ou de progrès, sans nier l'amélioration des performances du matériel depuis 50 ans ni l'utilité de certains services à vocation encyclopédique.

Car les fournisseurs des matériels et des logiciels d'usage commun sont regroupés dans quelques quasi monopoles, depuis longtemps capables d'imposer leur musique et leur chanson.

Car Internet est devenu un réseau diffuseur de services centralisés vers des consommateurs plutôt qu'un réseau de communication entre des producteurs et des contributeurs.

Car la fabrication d'un logiciel est devenu un travail de professionnel prolétaire pour la réalisation d'un produit jetable très vite périmé techniquement, notamment du fait que sa remise à niveau impliquerait un démêlage des versions subtilement incompatibles des multiples composants des ateliers logiciels et des systèmes qui ont servi à le programmer.

Au total et de fait, l'utilisateur d'informatique est devenu un consommateur de services complètement passif, totalement étranger au modèle de l'utilisateur-programmeur-amateur des débuts de la microinformatique. D'ailleurs, les modèles économiques des téléphones portables intelligents et des ordinateurs personnels tendent à se confondre.

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Pourquoi ce manque d'enthousiasme devant l'innovation technologique en informatique ?

  • parce qu'il suffit d'observer un utilisateur de la dernière génération de portables pour ressentir à quel point le dialogue homme-machine et la définition de la finalité du produit constituent encore de véritables problèmes, malgré la "nouveauté"
  • parce que 9 innovations sur 10 dans le domaine des nouvelles technologies informatiques ne sont que des arguments marketing bidons ou des répétitions d'existants ou des productions fonctionnellement inutiles, souvent d'autant plus prétentieuses
  • parce que la capacité de création de sites Web personnels chez soi (ou à la rigueur chez son fournisseur d'accès) reste artificiellement réservée aux informaticiens et aux designers, alors que c'est la clé de la compréhension par chacun des technologies web, et une méthode de vaccination contre les faux arguments de dopage technologique
  • parce que la création sur le Web de vraies sociétés virtuelles, c'est un espace d'expansion sociale entièrement inexploré, mais hors de portée tant que nous restons les esclaves d'emballages marketing soumis à une exploitation statistique d'arrière plan destinée à nous alimenter de suggestions convenablement sucrées pour notre plus grand bien, en pensée comme en acte.

Et enfin, parce qu'il est évident que personne, depuis trop longtemps, ne se pose plus la question : à quoi cela sert dans l'intérêt général ?

Il n'y a plus que des affairistes et des pigeons ?