J'avais une question.

J'ai voulu savoir ce qu'on trouvait sur Internet.

C'était une question un peu vague mais obsèdante, du genre qui me revient pendant des semaines et qui file au loin juste avant que je la reconnaîsse.

J'ai tapé un mot, les autres sont venus tout seuls, j'ai cliqué sur une ligne toute faite, j'ai eu des pages de réponses, j'ai appris plein de choses à raconter.

Et j'ai oublié ma question.

==============================================
Gunnm6.jpg "Aucun document ne correspond à votre requête..."

Bizarre, quand je pense aux autres fois où, sans rien demander de particulier, je reçois un flot de réponses à partir d'une interprétation partielle ou très approchée de ma requête.

Et puis, à la base, c'est présomptueux, cette affirmation qu'il n'a rien pour moi. En réalité, le moteur de recherche ne s'est pas foulé, il n'a rien trouvé dans le délai qu'il s'autorise pour avoir l'air malin.

De toute façon, il me ment grossièrement en affirmant qu'il n'existe aucun document en réponse à ma demande. Il n'a cherché que dans ce qu'il connaît. Et je sais bien que tous les "documents" sur Internet ne sont pas rendus accessibles.

En plus, tout n'est pas sur Internet, il devrait le savoir d'une manière ou d'une autre.

Bref, c'est comme si c'était mon échec, pas le sien.

Là, c'est trop ! C'est insupportable, ce petit mensonge indigne "Aucun document..." pour entretenir la fable de l'omniscience d'Internet, le dogme de l'infaillibilité du tout puissant moteur de recherche...
Une page blanche à découper pour faire une cocotte en papier manifesterait moins de mépris pour l'imagination.

=============================================

Par construction, pour qu'un moteur de recherche soit performant, ce ne sont pas les réponses qui sont toutes faites, ce sont les questions.

Ce n'est pas de la littérature, c'est de la mécanique - du logiciel si vous préférez.

==============================================

L'avis majoritaire, on sait trop bien comment cela peut se fabriquer...

L'imposition d'un avis majoritaire n'a donc rien de neutre, même par une méthode douce comme l'ordre de présentation des réponses aux requêtes.

D'autant moins que cet ordre peut être manipulé par des artifices techniques ou par une contribution financière.

==============================================

Il faut être naze pour s'émerveiller d'une technique porteuse d'un pouvoir mental dont les pires des dictatures ont rêvé.

Il faut être complètement naze pour croire à la gratuité d'un service rendu sans contrepartie par cette technique.

N'empêche qu'il serait idiot de ne pas l'utiliser.

==============================================

Un moteur de recherche peut-il faire une différence entre l'unanimité et le plagiat banalisé ?

==============================================

Sur les grandes questions, il semblerait que les traces d'existence d'un débat se trouvent autant dans les encyclopédies que dans les toutes dernières déjections des people.

==============================================

Les réponses d'un moteur de recherche, c'est le "on dit" à propos des mots contenus dans la requête.
Plus exactement c'est ce qui est majoritairement retenu par les computations statistiques d'un logiciel dont "on" peut programmer le fonctionnement et la manière de présenter les résultats.

Et alors, personne ne trouve cela terrifiant ? Tandis que tant de gens prennent comme "la vérité" ce qu'ils trouvent sur Internet ?

Qu'une méthode de sélection inavouable ait toujours existé dans le monde de la "culture", est-ce un argument pour justifier une informatique aussi minable ?

==============================================

Souvent, dans les réponses à certaines questions, dont celles du domaine des cultures et civilisations, le non-dit porte le sens autant que le dit.

Pourquoi, s'il est si important, le non-dit n'est-il pas exprimé ? Parce que ce non-dit va de soi dans une culture ou un contexte donnés, parce que ce non-dit est le porteur de l'immense arrière plan de l'ignorance et de l'adversité communes à une culture donnée.
Exemple. La devise de mon pays "Liberté, Egalité, Fraternité" ne dit ni "liberté", ni "égalité", ni "fraternité", mais les trois ensemble en équilibre. La traduction de cette sorte d'équilibre par une fréquence d'association entre des concepts unitaires, c'est pertinent dans un modèle statistique, intéressant pour des chercheurs savants, mais carrément erroné pour un requêteur d'occasion.

Comment un automate logiciel peut-il pressentir l'existence d'un non-dit, éventuellement en évaluer l'importance dans la réponse à une requête : question d'avenir ?

==============================================