Ce billet est consacré à l'illustration des principes proposés dans quelques cas d'utilisation (voir les autres billets du même titre).

Prenons d'abord le cas d'une conversation dont l'objectif est d'échanger des expériences, plus exactement des récits d'expériences personnelles. On peut imaginer que préalablement à la conversation proprement dite, chaque participant développe un site de présentation de son expérience selon une structure convenue, dont les éléments seront les thèmes de la conversation. On peut imaginer que les interactions entre participants porteront principalement sur des demandes de précision, suite par exemple au constat que certains thèmes auront "mieux" détaillés que d'autres. Rien ne s'oppose à ce que plusieurs interactions se déroulent en parallèle dans le temps (au contraire par exemple d'une conversation de recherche en commun de la résolution d'un problème bien cadré). On peut aussi imaginer que l'on en profite pour constituer un catalogue commun des expériences des uns et des autres, offrant un moyen d'accès plus direct qu'un moteur de recherche généraliste; alors les entrées de ce catalogue, les mots clés associés, seront proposées par les participants au fur et à mesure de leur progression.

Prenons maintenant le cas de l'élaboration d'un contrat d'entretien d'un moyen technique (camion, éolienne, générateur, ...), à partir d'un cadre convenu donnant la suite des thèmes de la conversation, ou même à partir d'un projet à critiquer, qui sera lui aussi au préalable découpé en thèmes. Dans ce cas, le niveau de parallèlisme de la conversation doit en pratique être convenu pour correspondre à des groupes de thèmes et de participants (évidemment, un participant donné pourra contribuer à plusieurs groupes de thèmes). Dans chaque sous-conversation ainsi constituée, les interventions seront en revanche linéarisées comme dans un forum à un seul fil de discussion par ordre de datation (si les participants sont répartis sur plusieurs fuseaux horaires, cela implique de dater en GMT). La grande différence avec un forum classique, c'est la visualisation et la facilité de référence aux propositions dans l'oeuvre commune en constitution (ici, le nouveau contrat).

On conviendra que les règles de politesse et de cheminement des conversations puissent être fortement particulières aux divers cas évoqués.

Cependant, plutôt que de figer un fatras de règles a priori (ne pas oublier qu'on pourra les proposer encore au cours de la conversation), il est important de s'accorder au départ sur l'état d'esprit d'une conversation à objectif sous étiquette. L’histoire et la littérature nous ont suffisamment décrit les limites et les ravages des approches fondées sur la promotion des personnalités, des personnages, des pouvoirs, des valeurs absolues, des rêves et des raisons, encore exprimés dans tant de discours et d’attitudes. La conversation à objectif sous étiquette nous offre précisément un cadre pour s'en affranchir. Le modèle de l'arriviste sympathique (c'est à dire le contraire de l'arriviste rivalitaire qui cherche seulement à "tuer" les autres) représente une forte recommandation, presque une contrainte naturelle. En rapport avec la représentation des participants à 4 niveaux mentaux, l’arriviste sympathique évite d'indisposer ses interlocuteurs (pas de choc au niveau 4 des jardins secrets) tout les faisant s'exprimer prioritairement aux niveaux des projets pour surmonter le filtre des traits culturels. Mais il ne pourra probablement pas parvenir à un accord sans une convergence même très partielle au niveau des construits mentaux du niveau 3. Tout l'art de l'arriviste sympathique est là, dans ce minimalisme de la convergence recherchée. Evidemment, ce sera plus ou moins sportif selon le contexte, mais nettement plus facile si tous les participants adoptent la même attitude.
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NB. Les émoticones, véhicules des états d'âme dans la simulation d'une crise d'hystérie euphorique, ne sont évidemment pas proscrits dans les contenus des interventions. Mais, sont-ils adaptés à l'état d'esprit de l'arriviste sympathique tel que nous l'avons défini, ou plutôt ne trahissent-ils pas une forme de manipulation ? Cela peut dépendre du contexte.