Les "réseaux sociaux", de Facebook à Twitter, proposent aux personnes célébres d'authentifier leur compte afin de rédure le risque d'usurpation de leur identité.

Dans une nouvelle publiée sur Clubic.com le 16 février 2012, on apprend que Facebook va plus loin :

  • Les possesseurs d'un compte certifié ont le droit d'utiliser un pseudonyme (alternate name).
  • Ils bénéficient d'une version spéciale du bouton d'abonnement à leurs sites, plus agressivement proposée dans les listes d'abonnement, et qui n'implique pas que les abonnés deviennent amis automatiquement
  • C'est Facebook qui se charge de contacter les comptes potentiellement intéressés par ces superfonctionnalités et opére les vérifications à partir de documents légaux à fournir.

Dans cette proposition, nous reconnaissons la logique sélective classique des annuaires de personnalités, célèbres, riches, puissants. Au delà, Facebook attribue un pouvoir spécial à ces personnalités pour qu'elles s'attirent plus aisément la fraternité du commun des mortels sur le "réseau social", tout en leur permettant de se dissimuler pour ne pas être importunées.

C'est la décalcomanie des pusillanimités de nos sociétés réelles.

Quelle superbe preuve a contrario de nos thèses !

Un "réseau social" à prétention universelle tel que Facebook ne peut être qu'une extension de la société réelle, avec la migration de ses pesanteurs et la reproduction de ses privilèges - et ceci du fait même de sa visée généraliste selon les idéaux des dirigeants et organisateurs dudit "réseau social".

Nous affirmons qu'au contraire et à l'évidence pour aller vers une collaboration authentique entre les personnes et ouvrir de nouveaux territoires de l'esprit, une société virtuelle doit se constituer sur des finalités limitées, comprises et acceptées par ses membres. Que le fonctionnement d'une société virtuelle se structure sur des conventions, des projets, des règles de comportement qui découlent strictement de ses finalités et rien d'autre. En particulier, concernant l'expression de l'identité des personnes, si les finalités ne supportent pas ou ne nécessitent pas la reconnaissance des notabilités de la société réelle - ce qui sera le cas général - l'identité personnelle dans une société virtuelle doit dissimuler ou ne pas faire état du statut social "réel".

Par exemple, dans une société virtuelle consacrée à l'échange d'expérience autour d'une expertise technique, l'identité personnelle peut se définir par une forme amaigrie et adaptée de curriculum vitae anonyme. Peu importe que l'on puisse reconnaître telle ou telle célèbrité d'après son cv, le dialogue entre les personnes se fera sur la base des caractéristiques affichées dans leurs cv, rien d'autre, et selon les règles spécifiques de dialogue dans la société virtuelle considérée.

Autrement dit, à l'inverse de notre monde Facebook (ou autre) en miroir de lui-même, l'anonymat ne doit pas être un luxe mais un droit constitutionnel des sociétés virtuelles.